Une autre bière pour essayer d'arrêter de penser à quelqu'un qu'on a perdu. Depuis des mois, même des années, c'est la même rengaine. Au départ, j'ai bien essayer de ne plus y penser, de fermer les yeux et de tourner cette page si triste de ma vie. Mais voilà, je ne le peux pas. Casey, c'était le frère de mon ami, quelqu'un qui aimait la vie et qui y mordait sans cesse. Maintenant qu'il n'y est plus, j'ai peine à croire que nos fous rires ne reviendrons pas. Me noyer dans l'alcool n'a jamais été mon fort, mais j'y perdure. Je ne vois pas comment effacer cette douleur, la même qui croisse avec le temps. Dès que je croise quelqu'un qui lui ressemble, c'est plus fort que moi, je vois trouble. Les larmes me montent aux yeux, je sens piquer une certaine gêne tout au fond, ne sachant pas trop comment m'expliquer avec le nouveau venu. Fuir est toujours la meilleure solution, même lorsque l'inconnu présent est l'un de mes clients. Refaire la maison d'un homme qui ressemble à Cassey, ce n'a jamais été très facile. Mais je garde tout de même un bon souvenir de cet ami, mort au combat. Son frère me rappelle souvent qu'il n'est pas mort, mais uniquement disparu. Pour ma part, disparu à la guerre, est synonyme de mort au combat. C'est beaucoup plus qu'une évidence, c'est arrêter de voir la vie toujours en rose et mettre les point sur les I.

Encore une bière et ensuite, je retournerai à la maison, essayer de faire les choses autrement. Manger un morceau sera pour demain, comme à chaque fois que je prend un verre, l'odeur de la nourriture me devient insupportable. La tête me tourne et je peux m'endormir en moins de deux. Levant les yeux pour regarder de nouveaux clients entrer, je crois avoir une vision. Un homme, ayant sensiblement les mêmes traits que Casey, mon ami mort au combat, vient de faire son apparition. Encore une fois, la même sensation me transperce le coeur. Pourquoi lui, est-il en vie ? N'aurait-il pas pu prendre la place de mon regretté ami et terminer sa vie au fond d'un trou ? Je me sens lâche de penser ainsi pendant les quelques secondes suivantes, mais je ne peux penser autrement. Je sens que les choses ne pourraient pas aller mieux.

Cela fait quelques jours que je suis revenue. C'est comme si rien n'avait changer à la différence c'est qu'aujourd'hui je ne me sens pas à ma place. Peut être est ce parce que je suis considéré comme mort ici. Tel un fantôme sans plus aucun but j'erre. Il est tard, je n'arrive pas à dormir je laisse mes pas me mener dans un bar, un bar où j'avais l'habitude d'aller avec mon frère et quelques amis. Je passe la porte de ce bar. Lui non plus n'a pas changer. Je me dirige vers le bar ne faisant pas vraiment attention aux personnes présente. Je commande une limonade. L'alcool et les médicaments ne faisant pas bon ménage je préfère ne pas tenter le diable même si au fond de moi j'en ressens le besoins. Je bois une gorgée de limonade. Soudain du bruit non loin me fait tourner la tête. Un homme imbibé d'alcool semble m'observer. Il ne semble pas des plus frais. En plissant les yeux je le reconnais. Jonathan c'est bien lui. M'a t'il reconnu? Que dois je faire? Je me décide à aller vers lui

"tu ferais mieux de t'asseoir mec avant de tomber raide par terre."

Ma voix est devenue neutre plus rauque aussi à cause des intubations que j'ai eu. Je reprends

"L'acool c'est pas la meilleure solution"